Des dispositifs aux appareils - L'Espacement d'un calcul

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Notes


APPAREIL

"Le concept d’« appareil » peut alors nous permettre d’appréhender la technique en ce qu’elle fait d’une vie une existence, ouvrant un avenir dans un devenir."
"L’appareil comme espacement d’un calcul"
"Il y a l’idée d’un désintéressement, d’une acceptation de l’échec, de l’ouverture à un temps libre, libéré. Dès lors, si « user d’un objet » c’est l’employer dans des directions prévues, comment penser des types d’objets qui inciteraient à s’exercer, à les pratiquer ? Comment concevoir (en amont) des situations non disposées ? Quelle est la place et le rôle du designer dans ce contexte ? C’est paradoxalement en abandonnant du contrôle à l’appareil que l’opérateur peut s’individuer. (...)S’exercer avec appareil, c’est accepter de s’ouvrir à une temporalité spécifique, où la technique travaille elle-même. propre à l’appareil désoriente la notion de projet, fut-ce sous un mode infime."
"L’importance du réglage rend possible pour l’utilisateur une sortie de sa situation d’usage."
"C’est dans la tension entre le calculable et l’incalculable que s’avère l’imprévu des appareils."

FONCTIONNEMENT APPAREIL

"Dans le fonctionnement d’un appareil, quelque chose échappe à l’opérateur : il s’y joue de l’imprévu — Dans le fonctionnement d’un appareil, quelque chose échappe à l’opérateur. Il n’est pas possible d’anticiper totalement ce que produira le fonctionnement d’un appareil : il s’y joue de l’imprévu."
"La gestion de la visibilité s’incarne dans l’obscurité de l’oeil du pouvoir : tout voir sans être vu – c’est l’oeilleton de la cellule, ou la vue toute puissante du panoptique."

LE DISPOSITIF

"Comme le note Stéphane Lojkine, « le dispositif, c’est la structure travaillée, modifiée, infléchie par le corps. Ce que nous apprend Michel Foucault, c’est qu’il n’y a pas d’exercice possible du pouvoir sans recours à un « dispositif ».
En tant qu’il règle un avenir non encore advenu, le dispositif disciplinaire devient « projet » La logique du projet, avec ses dispositifs, se substitue à l’ancienne logique du droit, ce « droit monarchique » dont l’exercice, la performance, le « cérémonial », est éclatant, mais ponctuel, discontinu."
"Ce que j’essaie de repérer sous ce nom, c’est, premièrement, un ensemble résolument hétérogène, comportant des discours, des institutions, des aménagements architecturaux, des décisions réglementaires, des lois, des mesures administratives, des énoncés scientifiques, des propositions philosophiques, morales, philanthropiques, bref : du dit, aussi bien que du non-dit, voilà les éléments du dispositif. Le dispositif lui-même, c’est le réseau qu’on peut établir entre ces éléments."
"Le dispositif est le lien qui se tisse dans un réseau d’éléments hétérogènes (discours, institutions, objets, etc.). Cet ensemble répond, dit Foucault, à « une fonction stratégique dominante ». Le dispositif a besoin d’une matrice, d’une genèse à partir de laquelle il va pouvoir se déployer Agamben va ainsi dégager une conception du dispositif, qui prolonge celle de Foucault, en recoupant trois sens différents : juridique (la loi qui décide ou dispose des rapports humains), technologique (les mécanismes d’une machine et son organisation interne) et militaire (les moyens employés pour réaliser un plan)."
"En croisant et en dépassant ces significations, Agamben va penser le dispositif comme ce qui saisit et gouverne les êtres vivants en s’opposant à leur liberté :
J’appelle dispositif tout ce qui a, d’une manière ou d’une autre, la capacité de capturer, d’orienter, de déterminer, d’intercepter, de modeler, de contrôler et d’assurer les gestes, les conduites, les opinions et les discours des êtres vivants.
En montrant qu’il n’existe pas de construction de l’identité sans dispositif, Agamben fait du sujet ce qui se tient entre le vivant et le dispositif. Le dispositif est un régime de production des sujets. Le développement des techniques sous le registre des dispositifs fait dire à Agamben qu’il existe de moins en moins d’espaces où les individus ne sont pas confrontés à de telles orientations. Les dispositifs, indique Agamben, remplissent le vide laissé par l’abandon des comportements animaux. Ils essayent d’objectiver le désir de bonheur. Si l’homme civilisé est celui qui, en s’écartant des instincts sauvages, construit des artifices dont la privation lui est douloureuse, comment faire dévier les dispositifs de leurs orientations stratégiques ?"
"En recourant à des auteurs comme Agamben, Foucault ou Stiegler, nous avons pu dégager une pensée du dispositif compris comme ce qui oriente, gouverne et limite nos existences."

PROJET

"Le projet comme entité idéale et continuité logique s’oppose au dispositif, qui fait l’expérience dans le réel de la volonté de contrôle."
"Nous intéresse ici le terme de « projet », que Stiegler emploie pour qualifier le processus d’« individuation ». « La projection suppose un projet », une intention d’exister, de s’extraire d’un « milieu » déjà là (exister, du latin existare, c’est « sortir de »). Certains dispositifs techniques s’opposent au « projet » en cherchant à voir en avance, à anticiper – à fermer l’imprévu"

DISPOSITIS ET MÉDIAS "Cet élargissement conceptuel permet d’inclure, en plus de tout l’arsenal répressif analysé par Foucault (police, asile, hôpitaux, etc.), nombre d’objets comme les téléphones portables, les ordinateurs, mais aussi, de façon plus générale, la littérature, l’écriture et le langage."

LE CINÉMA COMME DISPOSITIF

"En tant que flux, le cinéma (et la télévision) a le pouvoir d’épouser le temps des consciences, où chaque seconde perçue coïncide avec le temps réellement écoulé. Illusion de la perception rétinienne, le temps du cinéma « synchronise » les consciences par son développement mondialisé."

DESUBJECTIVATION DES DISPOSITIFS

"Plus encore, et de façon sans doute plus décisive, les dispositifs modernes diffèrent des dispositifs répressifs au sens où ils mettent en péril la notion même de sujet. La « désubjectivation » est le nom de ce processus :
Encore une fois, ce qui pose problème ici n’est pas l’automatisation (la mécanisation) en tant que telle, c’est son non accès, son invisibilité. Si tout le monde n’est pas forcément au fait du fonctionnement des techniques, cette situation d’ignorance ne pourra que croître tant que les objets qui nous entourent ne nous laissent pas cette possibilité (non cette obligation)."

CONDITIONNEMENT DU TEMPS RÉEL PAR LE REJET DE L’IMPRÉVU

"Le « conditionnement » du « temps réel » des industries culturelles s’oppose au processus permettant au vivant de devenir un individu, une existence différente d’une autre. Le dispositif, en court-circuitant la construction de l’individu, court le risque d’en faire une entité répliquable et désoeuvrée – ayant cessé toute activité singulière. Ce rejet de l’imprévu ne peut qu’avoir de dramatiques conséquences sur le développement humain."
"Comment sortir du temps des « dispositifs » pour penser un processus d’individuation qui ne soit pas anti technique ?"

source: http://www.anthonymasure.com/en/articles/2013-09-dispositifs-appareils-calcul